BIO

Baïdy N’Diaye

Artiste peintre, membre de la Société suisse des Beaux-Arts (SSBA)
Baïdy N’Diaye est né en 1972, à Saint-Louis-du-Sénégal.
De nationalité française, il vit et travaille à Genève.

« La culture est un coquillage où nous entendons les rumeurs de ce que nous sommes,
de ce que nous fûmes, de ce que nous avons été et de ce que nous pouvons devenir.
 »
Carlos Fuentes, écrivain mexicain (1928 – 2012)

L’art africain a d’abord été, au début du vingtième siècle*, le fait d’artistes européens fascinés par les formes et les couleurs d’objets ordinaires, coutumiers ou culturels, importés sur le Vieux Continent par des militaires, des religieux et des commerçants.

Certains de ces artistes en faisaient un usage conventionnel: copiant, plus reprenant – la reprise n’est pas la répétition a exposé Soren Kirkegaard – à leurs comptes ces formes et ces couleurs. D’autres cherchaient dans celles-ci les conséquences qu’elles pourraient avoir sur l’esthétique européenne. Plusieurs de ces artistes ont même suivi, de près ou de loin, les troupes coloniales pour aller chercher là-bas, de l’autre côté de la mer Méditerranée, en deçà et au-delà du désert, qui, une autre lumière, qui, d’autres paysages, voire d’autres modèles. Mais tous inventaient alors, hors-sol d’origine, un art africain qui n’a jamais existé.

Aujourd’hui, après un long et difficile parcours de décolonisation et au beau milieu d’un processus incontournable d’une mondialisation à plusieurs visages bruns, gris, enfouis et tragiques ou élevés, colorés, lumineux et optimistes, les tableaux de Baïdy N’Diaye posent problème. Ils rappellent ce que le philosophe iranien Daryusch Shayegan appelle « Le phénomène d’Arlequin »: nous sommes tous des Arlequins et nous avons tous plusieurs identités. Une seule identité n’est plus en mesure de répondre à ceux qui, de plus en plus nombreux, migrant, voyagent d’une culture à l’autre, refusant les nationalismes crispés et les ankyloses identitaires qui peuvent être meurtrières, comme l’écrit Amin Maalouf.

C’est avec l’habit d’Arlequin, avec ses yeux, qu’il faut regarder et bien voir – avec le cœur disait le renard au Petit Prince – les peintures de Baïdy N’Diaye.

* A l’exception notable de la musique. Au dix-neuvième siècle, dans ce domaine,
c’était le plus souvent le chanteur noir qui était déporté de son Afrique natale par l’esclavagisme vers les Amériques.

01.05.2004
Daniel Marco